Pessah : la sortie de l'esclavage

« Conservez la fête des azymes, car c’est en ce même jour que j’aurai fait sortir vos légions du pays d’Égypte ; conservez ce jour-là dans vos générations, comme une institution perpétuelle. » (Exode 12 :17-18)

C’est la fête qui célèbre – et non commémore- la sortie d’Egypte. Pourquoi célébrer et non commémorer ? car à Pessah, chaque année nous devons à notre tour nous libérer nous-même et pas seulement se souvenir que nos ancêtres ont pu sortir d’Egypte. Nuance ! Chaque génération doit se considérer comme si elle sortait d’Egypte, comme il est dit : « tu donneras alors cette explication à tes enfants : c’est dans cette vue que l’Eternel a agi en ma faveur quand je sortis d’Egypte » (Michnah. Pessahim 10:5).

Pessah est l’une des trois fêtes de pèlerinage – cheloch régalim– où les Hébreux devaient se rendent au temple.
Dans la Torah, cette fête porte les noms :
Hag HaAviv/Fête du printemps (Deutéronome 16,1);
HagHaMatsot/Fête des azymes (Exode 12.20)
et Hag HaPessah/Fête de l’agneau pascal ou fête du passage (Exode 12.17).

On voit donc que la fête comme les autres fêtes de pèlerinage a donc une signification se voulant historique avec la libération d’Egypte et une autre plus « agricole » avec la notion de fête du printemps.  

Le mot Pessah a plusieurs significations : il fait référence au sacrifice de l’agneau pascal appelé Korban Pessah, mais le mot Pessah peut aussi être traduit par sauter, passer au-dessus. Nos amis anglophones le traduisent par Pass-over. Ce sens évoque comment l’ange de la mort est passé au-dessus des maisons des Hébreux pour les protéger de la 10e plaie qui frappa l’Egypte : la mort des premiers nés.

Le soir de Pessah, nous revivons l’expérience de cette nuit où les Hébreux conformément à l’ordre divin ont mangé l’agneau pascal avec des herbes amères et de la matsah (pain azyme).

Pessah commence le 15 Nissan, dure sept jours selon la Bible. Le premier et le dernier jour de la fête sont chômés. Aujourd’hui, seuls les juifs vivant en Israël et les juifs libéraux s’en tiennent à cette période. En diaspora, les juifs orthodoxes ou consistoriaux redoublent eux les premiers et derniers jours de fête.

La liberté, ça se mérite ! Pessah une fête aux préparatifs exigeants

A Pessah, il est interdit de manger du Hametz, d’en posséder ou même d’en tirer un profit ! Mais qu’est-ce que le Hametz ? Tout ce qui est ou dérive des céréales suivantes : le blé (froment), l’orge, l’avoine, l’épeautre et le seigle. Autrement dit ; le pain est Hametz mais aussi la bière ou le whisky, deux boissons obtenues a partir de la fermentations de ces grains !

Pour être sûr de ne pas en posséder, pas même une miette, les Juifs se lancent dans un grand ménage avant Pessah. Attention, s’il convient de faire ce ménage sérieusement, il ne doit pas être confondu avec un ménage de printemps ! C’est le Hametz qu’on cherche, pas la poussière !

De plus, il convient de se souvenir que le Hametz est aussi intérieur : c’est l’orgueil qui gonfle. Une introspection est alors nécessaire pour se libérer aussi de ces sentiments qui nous rendent esclaves de nous-même !

Les rituels justes avant le début de Pessah

Comme toutes les fêtes juives, Pessah commence en fait la veille au soir (donc le soir du 14 Nissan). Avant cela, symboliquement, le 13 Nissan au soir on procède à une dernière recherche du Hametz. Cette recherche symbolique (rituel de B’dikat Hametz) se fait à la lumière de la bougie en ayant au préalable caché quelques morceaux de pain dans la maison puis on détruit ces morceaux en les brûlant le matin du 14 Nissan (rituel de Biour Hametz)

Le 14 Nissan au soir se tient le premier repas de Pessah. C’est le seder de Pessah. Une soirée passée à table en famille en mangeant des aliments dans un certains ordre et en évoquant la sortie d’Egypte et le thème de la liberté en lisant la Hagadah, une compilation de textes qui nous aide à réfléchir sur le sens de la sortie d’Egypte.

Le Seder de Pessah

Le mot seder signifie « ordre ».
C’est donc en suivant un certain ordre que nous allons goûter différents aliments le soir du seder. Ainsi nous allons pouvoir nous acquitter ce soir-là de la mitsvah (commandement) de manger de la matsah (pain Azymes), des herbes amères ( maror) et de celles qui nous ordonne de faire le récit de la sortie d’Egypte à nos enfants…
La soirée du seder se déroule autour d’un plateau où se trouvent tous les ingrédients symboliques de la soirée :

  1. Trois matzot,
  2. Un os d’agneau grillé (souvenir de l’agneau pascal) ,
  3. Du persil ou n’importe quel feuillage pour représenter le karpass (légumes) et qu’on trempera par la suite dans l’eau salé ,
  4. Du raifort, radis, laitue pour représenter les herbes amères dites maror,
  5. le harosset, une pâte faites de fruits et de vin symbolisant le mortier des briques que devaient fabriquer les Hébreux,
  6. de l’eau salée ou vinaigrée, en mémoire des larmes versées par nos ancêtres esclaves
  7. Et un œuf, dont la forme circulaire est symbole entre autre du cycle de la vie

Au cours de la soirée, on boit quatre (petites) coupes de vin. Elles doivent être bues accoudé car c’est ainsi qu’à l’époque buvaient les maîtres, ceux qui étaient libres.

La Hagadah

Le commandement biblique indique qu’il nous faut raconter la sortie d’Egypte. « Tu donneras alors cette explication à ton fils : C’est dans cette vue que l’Éternel a agi en ma faveur, quand je sortis de l’Égypte. » (Exode 13 :8).

Comment raconter ? Comment expliquer ? Pour aider à réaliser ce commandement, au fil du temps, les rabbins ont donc compilé différents texte dans un corpus nommé Hagadah, littéralement « récit ».

La Hagadah affirme que l’esclavage ne se réduit pas à la domination physique, on peut aussi se sentir esclave si on se sent dominé dans sa vie de tous les jours, par son travail, ou des personnes qui nous entourent.

La narration de l’histoire de Pessah dans la Hagadah commence par des rappels vécus comme dégradant ou humiliant et se termine dans la dignité.
C’est pourquoi, selon le Talmud (TB. Pessahim 116b), on commence par rappeler que nous étions esclaves en Egypte, en rappelant l’esclavage physique, puis on parle de nos ancêtres qui étaient idolâtres, l’idolâtrie étant un esclavage spirituel. Le texte mentionne également une troisième forme d’esclavage ou de dépendance, au niveau social et politique, celle du migrant et du requérant d’asile, en affirmant que mon père était un araméen errant. La Hagadah contient donc la mention de ces trois formes d’esclavage ou de dépendance, physique, idéologique et sociale.

Attention : Une des mitsvot de Pessah comme nous l’avons dit est de raconter à ses enfants, des lors les convives à table doivent comprendre ce qui se passe, il faut éveiller leur curiosité.
Lire la Hagadah de A à Z en hébreu si personne autour de la table n’est capable de suivre n’est donc pas la bonne solution. Il ne faut pas hésiter à traduire et à défaut à lire en français si nécessaire. L’important est que tous participent et d’intéresser les plus jeûnes !

Beaucoup de hagadot en vente dans le commerce explicitent chaque étape du seder et quoi faire. Souvent, ces éditions destinées à un public orthodoxe usent d’un vocabulaire très désuet et genré du type : « le chef de famille récite », « le chef de famille prends la matsah ». En tant que juif progressiste nous rappelons que toute personne juive peut prendre la direction du seder, homme ou femme.

Pessah, qui est appelé aussi Zeman Heroutenou : le temps de notre libération.