Préparation à la conversion

« Car partout où tu iras, j’irai ; où tu demeureras, je veux demeurer ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu » Paroles de Ruth, la Moabite à sa belle-mère Naomie, Livre de Ruth 1 : 16

C’est une des grandes singularités du judaïsme : être à la fois une religion et un peuple. Si on s’attache à une lecture strictement juridique de la loi juive (Halakhah), est juif celui qui naît d’une mère juive ou qui se convertit.  
Aujourd’hui, dans nos synagogues, il existe une troisième voie qui permet aux enfants de père juif, sous certaines conditions, de confirmer leur judéité en passant par les mêmes rituels que ceux de la conversion, mais dans un processus que nous identifions davantage à une confirmation d’identité (voir rubrique sur la régularisation).

On peut donc naître juif ou le devenir par choix. Depuis les temps bibliques, nombreux ont été les exemples de personnes qui ont rejoint par choix le Am Israël, le Peuple Juif. Dans la Bible, le personnage de Ruth en est l’exemple le plus emblématique.
La conversion au judaïsme est donc possible et tout à fait accessible à qui la veut sincèrement. Toutefois, les juifs s’interdisent toutes formes de prosélytisme.

Dans nos communautés progressistes, les demandes de conversions sont examinées sérieusement et dans un esprit de bienveillance.

Vous avez sans doute entendu dire que la conversion au judaïsme était un processus long et exigeant ! C’est vrai, car être juif ce n’est pas uniquement faire sienne une foi qu’on garderait uniquement au fond de son cœur.
Être juif, c’est accepter le joug des commandements dans sa vie de tous les jours et dès lors, cela impacte notre façon de vivre.  
Selon qu’on choisisse de faire appel au courant orthodoxe ou libéral, le degré de pratique minimale demandée peut varier, mais aucun courant en France n’accepte de convertir un candidat qui n’aurait en rien ancré le judaïsme dans son foyer.

Pour les hommes, la conversion implique obligatoirement une circoncision. Celle-ci a généralement lieu à la fin du parcours avant le passage au Beth Din. Pour les adultes, elle est pratiquée par des médecins urologues dans un cadre hospitalier. Il s’agit d’une intervention simple pratiquée en « ambulatoire ».

Premiers pas vers une démarche de conversion

Le premier pas vers une démarche de conversion est de se poser les bonnes questions :

  1. Pourquoi le Judaïsme ? (Et pas une autre religion)
  2. Ai-je conscience des changements concrets qu’engendredrait dans ma vie une conversion au judaïsme ?
  3. Ai-je vraiment « besoin » de passer par la conversion ? Des conférences sur la culture juive ou un parcours universitaire en études juives peuvent très bien être suivies par des non juifs.

A travers plusieurs échanges écrits et en face à face, le candidat discute avec le rabbin de ses motivations, l’idée qu’il/elle se fait du judaïsme.

Dans notre communauté, le parcours de conversion dure en moyenne deux ans mais chaque situation est particulière. De même, nous ne pouvons garantir à l’inscription que le processus ira à son terme. Tout dépend de la personne, de son envie mais aussi de ses efforts et de son assiduité.
Pendant la durée de son parcours, la personne s’engage à assister aux offices, activités et cours et à intégrer progressivement la pratique religieuse dans sa vie.
Le rabbin est son interlocuteur de référence.
Outre les rendez-vous de suivi prévus, le candidat peut solliciter un rendez-vous avec le rabbin dès qu’il en ressent le besoin. Tout au long du parcours, le candidat peut compter sur l’encadrement et le soutien de la communauté.

Avant de se lancer dans un processus de conversion, il faut aussi se poser la question du « bon moment ».
Ce parcours s’accompagne de nombreuses remises en cause, et de doutes parfois. Aussi, on doit s’interroger : suis-je à un moment de ma vie où je me sens psychologiquement suffisamment stable pour affronter une telle mutation personnelle ?
Me convertir, c’est me confronter à mon passé, accepter de changer d’état, faire mienne une nouvelle identité singulière. Est-ce le bon moment pour moi ?
Outre de s’intégrer à une nouvelle communauté, le candidat devra aussi faire face à son entourage privé et public et peut être se heurter à l’incompréhension des uns et à l’incrédibilité des autres. Souvent, avant même d’être juif, un aspirant à la conversion fera l’expérience de l’antisémitisme. Ce point ne doit pas être sous-estimé et peut s’avérer parfois déstabilisant. 

C’est le bon moment pour vous ? Il est temps de rédiger votre demande écrite !

1. La lettre au rabbin

Cette lettre est à envoyer par mail, de préférence sous la forme d’un fichier en pièce jointe pour plus de confidentialité.
Ce courrier a pour but de permettre au rabbin d’avoir un premier aperçu de votre situation et de ce qui vous pousse à demander une conversion.

Soyez précis sur ce qui vous pousse à choisir le judaïsme. Croire en Dieu n’est pas un argument en soi. Les Chrétiens ou les Musulmans aussi croient en Dieu, il faut donc expliquer dans votre lettre pourquoi c’est vers le judaïsme que vous vous tournez.
Depuis quand avez-vous eu ce désir ? Connaissez-vous des juifs ? Comment avez-vous découvert le judaïsme ? etc.

Présentez-vous et précisez votre situation familiale. Dans quelle religion avez-vous grandi ? Êtes-vous célibataire ? En couple ?
Si vous êtes en couple, quelle est la religion de votre conjoint ?
Dans quelle religion avez-vous élevé vos enfants ? Vos proches sont-ils au courant de votre désir de conversion ? Si oui qu’en pensent-ils ?

La lettre de motivation n’a pas besoin d’être érudite mais elle doit impérativement être sincère.
Joignez à votre lettre une photo et une copie de votre carte d’identité recto verso et n’oubliez pas de faire figurer votre numéro de téléphone, votre adresse mel.

2. Le rendez-vous

A réception de votre lettre, le rabbin vous recontactera pour convenir soit d’un pré-rendez-vous téléphonique, soit d’un rendez-vous en présentiel.
Nous recevons beaucoup de demandes, les délais d’examen des courriers peuvent être de plusieurs semaines particulièrement en période de fêtes religieuses.

Le but de cet entretien est de mieux vous connaître mais aussi d’être sûr que vous frappez à la bonne porte. 

Si cela est probant, et selon la période de l’année, le rabbin peut vous inviter à démarrer votre parcours ou vous proposer de prendre plus de temps pour affiner votre demande.

3. Début de la formation

Pour information, le début de la formation a lieu généralement autour de la mi-septembre.
Les cours sont donnés par le rabbin et ont lieu en visio-conférence, un soir de semaine. L’assiduité est impérative.
Le parcours de conversion ne doit pas être pris comme une course au bachotage en vue d’un examen final. C’est un temps de cheminement. Si l’assiduité aux cours est impérative, elle ne suffit pas. La mise en place progressive d’une pratique religieuse personnelle à la maison, la fréquentation de la synagogue est tout aussi importante que les connaissances que vous allez acquérir. 
Tout au long de votre parcours, notre rabbin sera à votre écoute pour répondre à vos questions mais aussi vous aider à ré-interroger votre démarche.
Suis-je bien à ma place ? Est-ce vraiment cela que je veux ?
Il n’y a aucune obligation formelle ou morale à aller au bout d’un parcours de conversion. Ce temps de discernement doit justement vous permettre d’affiner votre choix.
À tout moment, le candidat et/ou le rabbin peut décider d’un commun accord ou unilatéralement de mettre fin au processus.

Puis je envoyer ma demande de conversion après septembre ?
Oui, selon la période peut être vous faudra-t-il attendre la rentrée prochaine pour intégrer les cours. Néanmoins, à tout moment de l’année, vous pourrez commencer par venir aux offices le plus régulièrement possible et participer aux différentes activités de la synagogue.

4. Le passage devant le Beit din (tribunal rabbinique)

Le moment est venu ! Au cours des deux ans de formation, il vous sera demandé de répondre à environ 4 ou 5 questionnaires écrits.
Si vos résultats sont satisfaisants, si vous avez été réguliers dans votre fréquentation des offices et que le judaïsme est concrètement entré dans votre vie, après entretien, le rabbin vous présentera au Beit Din (Tribunal Rabbinique) .

Avant que vous soit fixée une date de Beit Din, les hommes prendront contact avec un urologue indiqué par le rabbin afin d’être circoncis.

En général, le Beit Din se tient à Paris.  Il s’agit d’un tribunal de trois rabbins qui a pour mission de vous interroger sur votre motivation, votre parcours durant votre formation, vos connaissances et votre pratique religieuse.
A l’issue de cet entretien, le Beit Din délibère quelques instants.  Si vous êtes accepté, vous serez invité à vous rendre directement au mikveh (bain rituel).

C’est l’ultime étape du processus de conversion ! Après cela, un certificat de conversion vous sera remis dans lequel figure le nom hébraïque que vous aurez choisi.

FAQ sur la conversion

Beaucoup d’idées reçues circulent sur la conversion au judaïsme. Elles font le plus souvent allusion à la conversion pratiquée par le courant orthodoxe qui n’a pas forcément les mêmes critères d’appréciation que le judaïsme progressiste.
Prenez donc le temps de lire ces questions FAQ avant de nous faire parvenir votre demande.

Si en théorie une conversion ne doit pas se faire avec comme motivation première un projet matrimonial, de nombreux sages ont convenu qu’être amoureux d’un conjoint juif n’empêchait pas d’adhérer sincèrement au judaïsme.
Dans le monde séfarade notamment, un certain nombre de rabbins orthodoxes ont pendant longtemps accueilli avec bienveillance la conversion des conjoints de juifs·ves.
C’est aussi le point de vue du judaïsme progressiste qui soutient la démarche des conjoints non juifs souhaitant se convertir afin de fonder un foyer juif.
Face à un taux croissant d’unions mixtes, barrer les portes du judaïsme à ces conjoints non juifs nous apparaît contre-productif.

Si vous avez un·e conjoint·e juif·ve et que vous souhaitez vous convertir, n’hésitez donc pas à le préciser dans votre lettre de motivation au rabbin.
Toutefois attention de ne pas brûler les étapes : ne fixez pas de date pour un mariage religieux ou ne réservez pas de salle avant d’avoir fini votre parcours de conversion.
Une conversion au judaïsme dans notre communauté prend en moyenne deux ans mais chaque cas est différent. Le parcours de conversion n’est pas un cursus scolaire mais un parcours individuel où chacun chemine à son rythme.

Tout dépend des cas. Seul le rabbin est à même de vous répondre à cette question en fonction des éléments que vous lui présenterez.
Le mieux est de prendre rendez-vous pour en parler.
Ce jour-là, pensez à prendre avec vous tous les documents qui peuvent attester du judaïsme de vos ascendants.
Suite au drame de la Shoah et aux différentes migrations, il est fréquent que des familles aient perdu les actes de mariages religieux (ketoubot) ou d’autres documents. Dans ce cas-là , nous vous aiderons à compléter vos recherches autant que possible et étudierons avec vous les solutions possibles.

Notre cours d’introduction au judaïsme ainsi que notre cours d’initiation à l’hébreu s’adressent également à vous ! A la synagogue, vous disposez des mêmes droits et prérogatives que n’importe quel autre juif, pratiquant ou non !

Non. En France, aucun rabbin libéral n’accepte de faire de conversion sans circoncision. En cas d’impossibilité médical (par exemple l’hémophilie), prenez contact avec le rabbin qui vous indiquera quelles options s’offrent à vous.

Les personnes qui ont déjà subi une circoncision pour des motifs purement médicaux sont soumises au rituel d’Hatafat Dam Brit. Après le Beit Din, il se pique à la cicatrice de la circoncision afin de faire couler symboliquement une petite goutte de sang.

Cette question revient souvent, elle contient pourtant un biais. Reconnue par qui ? par quoi ? existe -t-il un courant qui fait autorité sur tous les autres dans le judaïsme ?
Le judaïsme n’est pas construit sur le modèle hiérarchique de l’église catholique avec un pape qui ferait autorité sur tous.
Au sein du judaïsme coexistent plusieurs courants, certains communiquent entre eux, d’autres pas ou très peu.
Les actes de conversion pratiqués par les Batei Din des communautés libérales sont reconnus par l’ensemble des communautés libérales dans le monde et par les rabbins des autres mouvements progressistes (conservatives, reconstructionnistes etc…) sous certaines conditions.

Membre d’un courant égalitaire, nos Batei Din (tribunaux rabbiniques) peuvent être composés de rabbins hommes ou femmes sans distinction. Pour les conversions, nous utilisons désormais exclusivement le mikveh de JEM Beaugrenelle à Paris, seul mikveh aux normes halakhiques qui est à ce jour accessible aux libéraux.

Cette politique d’inclusivité, de lecture évolutive de la Halakhah (loi juive) et de strict respect de l’égalité des sexes n’est pas à ce jour accepté par le courant orthodoxe (consistoire, habbad etc.)
Ces derniers refusent donc de reconnaître les conversions émises par des mouvements progressistes que cela soit libéral ou massorti
Le choix d’une conversion libérale doit donc se faire en connaissance de cause. Il doit s’accompagner d’une réelle adhésion aux valeurs progressistes.

Aujourd’hui, et sous réserve d’une modification de la loi, une personne convertie par Beit Din libéral est considérée comme ayant droit à « la loi du retour ». Autrement dit, elle est considérée comme juive par les services de l’agence juive et de l’immigration. Toutefois, en Israël, le droit de la famille est du ressort exclusif du rabbinat orthodoxe. Cela signifie qu’un mariage religieux libéral ne sera pas considéré comme valable mais que l’Etat en revanche reconnaîtra les mariages civils enregistrés hors d’Israël.